I . Les arts picturaux, de réels acteurs de l’opposition

 

A.  Les courants d’art moderne

 

Ø   LE BAUHAUS 

Le Bauhaus est une école d’art fondée en 1919 à Weimar par Walter Gropius sous le nom de « Das staatliche Bauhaus Weimar » ( = maison du bâtiment). Par la suite cette école s’installa à Berlin.

 

Gropius voulait réaliser l’unité des arts sous le primat de l’architecture, en mettant notamment l’accent sur des domaines négligés par les artistes de l’époque : esthétique industrielle, photographie, publicité, mobilier, mise en scène de théâtre, typographie. La section d’architecture fut la plus connue et  pouvait jouer un rôle déterminant dans la société allemande  lorsque les nazis décidèrent de fermer l’école en 1933. Ainsi les maîtres éminents qui participaient au Bauhaus (Klee, Kandinsky, Feininger) s’exilèrent en Suisse et surtout aux Etats Unis.

 

Le Bauhaus ne fut pas fermé à cause des revendications politiques des artistes contre les nazis, mais à cause de l’art moderne crée dans cette école, que les nazis considéraient comme « dérangeant », car il était dur à comprendre, donc il pouvait receler de messages contre les nazis, d’où cette appellation d « entartete kunst » (art dégénéré)

 

Les nazis lancèrent donc une « guerre d’assainissement » contre cette « désagrégation de la culture allemande » (expression des nazis). Une exposition itinérante d’oeuvres dégénérées eut lieu à Munich en 1937 et fut également présentée dans d’autres villes, afin d’ « éveiller en chaque allemand le dégoût et l’effroi du cancer naturel » (expression des artistes) qui rongeait la République de Weimar. De nombreux artistes, allemands et étrangers, ne purent plus exposer ; leurs oeuvres furent retirées des musées et certaines vendues à l’étranger. Un grand nombre d’entre eux émigrèrent (Beckmann, Feininger, Kokoschka, etc..) et certains, tel Emil Nolde, firent l’objet d’une interdiction d’exercer leur art. Une exposition souvenir, intitulée Entartete Kunst, eut lieu à Munich en 1962.  

  

Ø   LE DADA 

 

Mouvement artistique et intellectuel d’avant-garde qui, entre 1916 et 1925, se caractérisa par une mise en cause de toutes les conventions et contraintes idéologiques, artistiques, politiques. Le mouvement dada, qui s’institutionnalise en pleine guerre mondiale, hérite de l’analyse pessimiste du monde moderne effectuée par le symbolisme, l’expressionnisme et le futurisme. Le mot Dada fut trouvé un ouvrant le dictionnaire au hasard, tant les artistes de ce mouvement ne voulaient pas de user de conventions formelles pour trouver un nom qui caractériserait leur art.

Les artistes Tzara, Ball, Huelsenbeck et Jean Arp se proposaient d’exprimer la négation d’un monde mourant dont la guerre 1914-1918 représentait l’aboutissement. La destruction d’un certains nombres de valeurs, (culture bourgeoise, traditions, rationalisme, importance du langage) semblait être le point de départ de ce nouvel état d’esprit.

 Ce parti pris négativisme, cette action subversive ne s’exprimait pas seulement par des manifestations scandaleuses (moustaches mises à la Joconde en 1921) mais également par la valorisation du « n’importe quoi » : Duchamp expose ses « ready-made » (urinoir, porte bouteille), Shwitters réalise des oeuvres avec des  objets communs (papier, fil de fer).

 Le mouvement connut rapidement une audience internationale : à Berlin (avec Grosz, Heartfield) à Cologne (Ernst) Hanovre, New York (Duchamp, Picabia) Barcelone, Prague, Budapest. En Allemagne, le mouvement se doubla d’une révolte politique de caractère marxiste. Cet art connaît son apogée et sa fin à Paris vers 1925.

 Expression d’une crise de la conscience européenne, Dada ouvrit un champ considérable aux recherches des artistes et il demeure la référence de base de nombreux mouvements du 20eme siècle (pop-art, nouveau réalisme, art conceptuel)

  Ø   Exemple de cubisme: Guernica, Pablo Picasso, 1937

Histoire :

 Guernica est une petite ville située à 30 km de Bilbao, en Espagne, dans le Pays Basque. Le 26 avril 1937, jour de marché, des escadrilles apparaissent au dessus de la ville. La place du marché est pleine de monde. Le bombardement fasciste va durer plus de 4h sans interruption. Ce fut le premier bombardement de la population civile durant la guerre d’Espagne. Ce massacre fut soldé par 1654 morts et 889 blessés. Tout ceci va inspirer Picasso pour faire le plus grand tableau du 20ème siècle :Guernica, qui mesure 7,82m sur 3,35mètres. Picasso a réalisé 45 croquis de l’oeuvre avant de la terminer.

 Analyse :

Le tableau est divisé en parties quasi égales par une ligne verticale montrant le contraste entre l’obscurité à gauche et la clarté à droite, tout de même assombrie dans son extrémité.

La lumière caractérisée par une lampe symbolise un oeil. La forme de cette source lumineuse est ambiguë car elle représente un oeil ayant un pouvoir hypnotisant sur le spectateur et d’autre part elle suggère l’explosion des bombes par son important clarté.

On remarque l’absense de perspective : il n’y a que deux plans. Le premier plan est occupé par les personnages et le second plan offre une vision plus confuse. La disposition des personnages, la répartition de la lumière et l’absence de perspective créent une impression de désordre.

 

Impression dégagée par le tableau :

Le désordre du tableu exprime le bouleversement social. Le tableau décrit un état de stupéfaction :les personnages sont saisis en pleine action, regardant le ciel avec une posture d’imploration. Ils ont la bouche ouverte, exprimant une violente douleur face à un ennemi invisible.

Au centre, le cheval représente la population espagnole meurtrie. Le cheval tombe sur un guerrier écartelé dont la main tient encore un glaive brisé. A droite, une femme essaie de s’enfuir dans une maison incendiée tandis qu’une autre tombe à ses côtés. A une fenêtre, une femme encore se penche, tenant une lampe à la main : on peut y voir un signe d’espoir. Enfin à gauche au dessus d’une femme assise, un enfant mort dans les bras, on voit la tête d’un taureau rappelant la passion de Picasso pour la tauromachie mais symbolisant peut-être la domination et la puissance des fascistes.

 

Ø   Analyse d’un tableau de Otto Dix «Assaut sous les gaz»

 

La vision de Otto Dix de la guerre clisse au cauchemardesque. Vus de face, de près, jetant leurs grenades entre les barbelés et les racines, les soldats masqués n’ont plus rien d’humain, tout comme le lieu n’a plus rien de réel, no man’s land de la tranchée. Il est remarquable que Dix choisisse de montrer des soldats allemands-et non des ennemis. En 1924, une telle gravure, qui appartient au portefeuille de 50 planches intitulé « La Guerre », a de quoi choquer l’opinion publique allemande, dans la mesure où Dix ne fait preuve d’aucun respect pour les combattants, ses anciens camarades. A l’exaltation de l’héroïsme, il oppose la dénonciation de la sauvagerie destructrice.

Dix a donné le meilleur de lui-même dans les peintures qui se présentent comme des analyses non-sentimentales de l’époque, qui traduisent implacablement la réalité.

On ne s’étonne donc pas que ce soient des œuvres de Dix qui excitèrent le plus la rage des nazis, et avant eux, celle des critiques conservateurs et nationalistes.

 

Ø   Commentaire du tableau de George Grosz  «Explosion»

 

En janvier 1917, Grosz, jusue-là en convalescence, est rappelé par son unité. Le lendemain, il est hospitalisé et peu après interné dans un établissement pour malades mentaux, si graves sont la dépression et les désordres nerveux qui l’affectent. Les crises se succèdent, les visions cauchemardesques, et en avril, le peintre est jugé définitivement inapte au service. Explosion a été peint peu après, non comme le souvenir d’un combat, mais comme une allégorie de la destruction : un bombardement abat et enflamme la ville, qui n’échappe pas à la fureur de destruction qui s’est emparée de l’Europe. Le cubo-futurisme s’y fait onirique.

 

B.         Analyse des caricatures

Ø  Deutschland:le résultat de vote pour Hitler

 

Ce dessin montre les morceaux d’une Allemagne éclatée, volée en éclat, divisée par le signe de la swastika, le symbole des néo-nazis . Les morceaux de l’Allemagne sont propulsés avec une grande violence, égale à celle des nazis .

Ces fragments retomberont à coté, c’est-à-dire  sur les autres pays, ce qui fait allusion à une guerre mondiale et à l’invasion du nazisme en Europe . Le nazisme a éclaté l’Allemagne et les allemands

 

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Ø  La swastika : 5 avril 1933

 Dans cette caricature Hitler est représenté par masque, qui dissimule un visage de squelette. Ce squelette tient une faucheuse  ayant la forme d’une swastika ensanglantée, il est habillé avec l’uniforme des SS et arbore le brassard rouge de la croix gammée. Cet « Hitler » a à ses pieds une troupe d’autres squelettes  apparemment très nombreuse.

Hitler est donc évidemment comparé au squelette, symbole de la mort, qui tient la faucheuse. Par extrapolation on peut donc conclure que le message de cette caricature est de montrer que nazisme est synonyme de mort.

 

  

Ø  Légal: 29 février 1930

 

Le visage d’ Hitler est représenté de face et de très près. Son air est féroce et sa bouche est grande ouverte. A la place de ses dents on voit le mot « légal », derrière lequel se cachent des SS brandissant leur brassard, des poignards, et des armes.

Ce dessin nous montre que derrière des paroles légales et des actes légaux d’Hitler (il s’est fait élire démocratiquement chancelier le 30 janvier 1933) se cache un système de terreur et de répression qui ne tardera pas à se mettre en place (dessin fait en 1929).

 

 

 

 

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